Les Echos – 21 septembre 2018

Fashion Week printemps-été 2019 : l’opération séduction de Prada

Astrid Faguer

Ce qu’il fallait retenir du défilé Prada en 5 points.

01 . UN CONTEXTE DE RELANCE
La maison italienne qui a essuyé quelques difficultés financières ces dernières saisons est en phase de relance. Relance qui passe – entre autres – par le réveil de sa ligne Linea Rossa à vocation plus sportive, jeune et accessible (une série d’évènements dédiés à cette renaissance est prévue de New-York à Hong-Kong au mois de septembre), ou via la mise en place d’une stratégie digitale.

02. L’ALLURE PRADA EN QUESTION

La traduction stylistique de cette stratégie de relance est moins frontale. Et comme toujours, les références chez Prada sont multiples : entre fulgurances d’un jour nouveau (les bottines de sport, les tee-shirts traités en robes, les volumes version hanches extra-larges) et clins d’oeil plus rétros (le serre tête bourgeois, la robe trapèze ou le bermuda). Le tout télescopé et fusionné : Miuccia Prada crée une nouvelle allure, qui n’est ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, capable ainsi de séduire à la fois la jeune génération et les précédentes. Sur fond de libération du corps des femmes (ici tout semble confort) : la collection malmène tous les clichés vestimentaires conservateurs – du serre-tête en satin tellement oversize et clouté qu’il se change en must-have, à la robe baby-doll qui se réinvente ultra-moderne grâce à un jeu de découpes et de nouveaux volumes.

03. UN NOUVEAU GLAMOUR
C’est la première fois qu’on parle autant de glamour chez Prada – et ce n’est pas seulement du à la présence de Kaïa Gerber sur le podium. Ici la notion de glamour n’est pas un gros mot tant cette dernière apparaît contrebalancée par des références plus strictes et plus riches. Ainsi, les filles qui s’avancent dans des bodys aux décolletés en V ultra profond, s’affichent également les cheveux impeccablement tirés, coiffées de serre-têtes, habillées de satin remasterisé et les jupes arrivant aux genoux. Miuccia Prada invente un nouveau glamour.

04. LE NYLON, FIL CONDUCTEUR
Par ailleurs, Miuccia Prada réinterroge ses codes. Ainsi le nylon – matière signature lancée dans les années 70 qui a préfiguré du succès de la griffe – s’énonce en nuisette du soir aux nouvelles proportions, en robe sanglée confortable mais très soir ou encore en sac triples étage, aussi pragmatique que conceptuel.

05. LA MUSIQUE DE FRÉDÉRIC SANCHEZ
C’est tout l’art de Miuccia Prada : digérer des références et des styles venus de toutes parts pour les faire siennes. Une vision qui s’applique aussi à la bande son : sur fond de musique électro on croit reconnaitre quelques standards – tel le titre « Je t’aime, Moi non plus » de Serge Gainsbourg.

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