FERRARI-FN
27 févr. 2022
Dominique Muret
Ferrari fait vrombir la Fashion Week de Milan
Pour ses premiers pas à Milan, Ferrari a sorti le grand jeu. Mettant l’accent sur vitesse, technologie, performance et design, la marque a orchestré un défilé à grand impact, dimanche, dévoilant sa collection automne-hiver 2022/23 dans un énorme hangar de la foire milanaise, plongé dans l’obscurité, où le podium de près de 180 mètres de long prenait des allures d’interminable ruban d’asphalte se perdant dans la nuit, juste illuminé par un ballet de lasers rouges et bleus.
Accompagnés par la bande-son électronique du compositeur français Frédéric Sanchez, les mannequins parcourent tout l’espace dans des tenues sombres d’un chic rigoureux, avec ici et là des touches de rouge. La couleur emblématique du constructeur automobile ravive les looks, via des escarpins à talon aiguille, une ceinture, un sac, des gants en cuir, un tricot, mais aussi dans la doublure colorée de somptueuses vestes shearling ou encore dans un ruban écarlate, qui suit les courbes du corps dans une robe ébène.
Les silhouettes imaginées par le directeur artistique Rocco Iannone sont à la fois puissantes et féminines. Ses dark ladies aux lèvres peintes en noir portent, avec la même naturelle élégance, de grands trenchs et blousons carrurés hybrides en toile et cuir, des costumes pantalons à pinces en flanelle, des robes-tablier en vinyle ou des tailleurs sombres à jupe droite descendant sous le genou, en référence aux divas italiennes passionnées de Ferrari, d’Anna Magnani à Monica Vitti.
« Je me suis plongé dans les 75 ans d’archives de l’entreprise en travaillant sur tout ce qui fait partie de l’imaginaire collectif autour de Ferrari, pas seulement dans le domaine automobile, mais aussi à travers le cinéma, la musique, l’art contemporain, etc. Tout ce qui a contribué à en faire un mythe », explique à FashionNetwork.com le designer passé par Dolce & Gabbana et Giorgio Armani, et recruté chez Pal Zileri en novembre 2019 pour s’atteler à ce projet ambitieux.
La maison de Maranello (Italie du centre) y croit et a investi beaucoup dans cette diversification vers la mode. Une nouvelle division spécialisée dans les activités d’extension de marque, Ferrari Brand Diversification, a été créée il y a deux ans pour piloter notamment le développement de cette collection de prêt-à-porter de luxe s’adressant à la femme, l’homme et l’enfant. Le studio, le marketing et le merchandising ont été installés en janvier 2020 dans des bureaux flambants neufs au cœur de Milan, où travaillent une trentaine de personnes. La pandémie n’a pas stoppé les plans de Ferrari, lui donnant au contraire deux ans pour mieux préparer son projet.
Après un premier défilé organisé en juin 2021 au siège de Maranello, l’arrivée dans le calendrier milanais était le passage obligé pour renforcer la crédibilité de la marque dans ce secteur. Les produits dérivés réalisés pour les fans du bolide rouge et de la Formule 1 sont encore proposés dans les magasins Ferrari, mais ils ont été réduits, de nombreuses licences ont été arrêtées, et Rocco Iannone a été chargé d’insérer des contenus plus qualitatifs à cette offre marketing, qui côtoie désormais les produits mode dans les boutiques Ferrari, soumises elles aussi à un lifting en profondeur.
« Ma mission est de créer un projet respectueux du perçu de Ferrari en tant que marque de luxe, au-delà des valeurs créatives et d’artisanat avec un positionnement très haut de gamme », résume le directeur créatif. « Tout est rigoureusement réalisé en Italie, chez les grands spécialistes de chaque domaine. Nous voulons proposer un produit impeccable et lançons cette année, les accessoires et la maroquinerie », indique-t-il.
Pour ce deuxième chapitre, présenté à Milan, la silhouette évolue vers des constructions couture plus sophistiquées et s’enrichit de matériaux nobles et techniques, telle cette fibre de carbone super résistante, mais souple et malléable mélangée à de la laine avec un effet lumineux. L’accent est mis sur l’outerwear, notamment, des blousons over aux manteaux chics comme ce modèle en cachemire blanc.
Le registre automobile est naturellement présent dans la collection, mais de manière subtile, sans jamais exhiber le logo du cheval cabré ou de manière discrète dans la boucle d’une ceinture ou détournée dans des motifs abstraits. Par exemple, dans cette combinaison de mécanicien en soie rouge pour homme, ou dans sa version motard tout en cuir, renforcée aux épaules portée par une femme, mais aussi dans ce costume brillant métallisé, qui fait penser à une tôle froissée, ou encore à travers ces cagoules de pilote en laine dotées de visière.