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Hermès: qualité, qualité et qualité


4/10/2020
Godfrey Deeny
Traduit par Marguerite Capelle

Déclaration de mode puriste et célébration du goût du spectacle à la française chez Hermès ce samedi, dans l’un des défilés à la mise en scène la plus aboutie du calendrier international, jusqu’à ce jour.

La maison a dévoilé sa collection printemps-été 2021 au cœur du Tennis Club de Paris, revisité avec brio en décor de montagne, dont les crêtes pointaient jusqu’au plafond de ce bâtiment brutaliste géant, en béton. La structure moulée en plâtre blanc était l’œuvre du producteur de défilés Etienne Russo. Elle était émaillée de socles géants montrant des photos et images de l’artiste Claudia Wieser – icônes en céramique, dieux capricieux, et photos de la collection elle-même.

Quant aux vêtements, nous avions là des exemples tout à fait parlants d’une mode ultra-luxueuse. Les mannequins avaient beau défiler à 15 mètres du public, on pouvait pratiquement humer la qualité exceptionnelle de la peau d’agneau souple ou du cachemire poudreux.
Car s’il y a une maison de luxe qui se sort haut la main de la crise du Covid, c’est bien Hermès, qui rien que le mois dernier a ouvert des boutiques à Madrid, Osaka et Dalian, en Chine, et investi dans une nouvelle usine en Auvergne, fournissant des emplois à 250 personnes.
“Cette saison à Paris plane une envie de défendre une certaine idée à la française du spectacle vivant. Bien sûr, la pandémie implique que nous devons et devrons faire beaucoup plus de choses en format numérique. Mais il y a un moment où exprimer des idées en live devient vital. Le Bluetooth, les portables et les algorithmes, ça suffit”, disait la directrice de la création, Nadège Vanhee-Cybulski, avec une moue.
Avant le défilé, Nadège a envoyé aux rédacteurs un album de scrapbooking très chic, en papier “Freelife cento” 100% recyclé et à l’odeur très agréable, avec à l’intérieur ses collaborations visuelles avec des artistes qu’elle admire. Parmi lesquels Camille Vivier, le grand peintre abstrait d’Europe centrale Carsten Fock, ou encore le photographe Sam Rock et même le DJ star Frédéric Sanchez, qui proposait une série de paysages marins oniriques. Ce dernier a également fourni une bande sonore digne d’un véritable hymne, en intercalant la bande originale du classique de Godard, le Mépris, avec le “Fade into you” de Mazzy Star.

La réponse de Nadège Vanhee-Cybulski à la pandémie, c’était la très haute qualité, exprimée dans des lignes ultra-nettes, des ornementations restreintes et un style sans chichis : des blazers masculins idéaux, des vestes de pêcheur sans manches minimalistes, ou des jupes taille basse en cuir si lisse qu’il ressemblait à de l’acier. Des manteaux cache-poussière raffinés, des robes nouées sur le côté ou de super blousons en cachemire double-face, qui donnait envie de les caresser. Le tout mêlé à quelques robes cotte de maille élégantes, en cuir, pour les shootings de mode. Là où d’autres créateurs sont ressortis de la pandémie avec une obsession pour les vêtements protecteurs, les masques et les visières, Nadège Vanhee- Cybulski a recherché l’assurance que procurent les choses familières : ici, l’envie d’une mode vraiment durable dont la qualité ne faiblira pas pendant des années.

Comme pour tous les défilés parisiens, Hermès a scrupuleusement fait respecter la distanciation sociale. Il s’agit désormais d’une évidence, et ce depuis la fin des vacances : tout citoyen ou visiteur en France porte un masque pour sortir ou se rendre à n’importe quel événement public.
Lors de chaque défilé de cette semaine parisienne, du gel est mis à disposition gratuitement, et les invités s’installent à plus d’un mètre l’un de l’autre. Si vous cherchez l’exact opposé d’un meeting du Parti Républicain, faites-vous inviter à un défilé de la Fashion Week de Paris !